Le Misano World Circuit « Marco Simoncelli » est une manche spéciale pour le Championnat MOTUL FIM World Superbike, notamment pour Danilo Petrucci (Barni Spark Racing Team). "Petrux" a été blessé lors d'un accident d'entraînement de motocross en avril dernier, manquant ainsi la manche hollandaise à Assen, mais il est revenu à domicile pour décrocher trois Top 10, dont une sixième place lors de la Course 2 dimanche. C’est l’histoire du week-end épique de Petrucci, des doutes sur sa participation jusqu’à l’obtention d’une 6e place.

 

PENSÉES DE JEUDI : « Je ne peux même pas dire si je pourrai arriver à la fin de la Course 1… »

 

En avant-première du week-end, « Petrux » a parlé franchement de son retour mais a émis des doutes quant à sa capacité à participer à la course. Il a déclaré : « Je suis vraiment heureux d’être ici. Je n’ai plus de grosses blessures donc je me sens presque à 100 %. J’ai encore besoin d’un peu de temps mais je suis vraiment content de retrouver ce paddock. J'essaie de reprendre la moto. C’est assez difficile à accepter car 95 % du corps va bien mais j’ai pas mal de douleurs à l’épaule droite. Cela me met en difficulté lorsque je freine ; je ressens beaucoup de douleur lorsque je freine. Quand je relâche le frein et que je suis dans la ligne droite, je ne ressens aucune douleur. Ce sera un grand exploit si je parviens à finir le week-end. Mon objectif est de participer aux trois courses et de les terminer. Je ne peux pas dire si je pourrai même atteindre la fin de la Course 1. Je n’ai pas de grandes attentes. »

 

ACTION DU VENDREDI : « À la fin des FP1, j’étais en difficulté… Je vais essayer de faire la Superpole et voir si je peux me sentir mieux demain matin »

 

Le n°9 est revenu en WorldSBK vendredi, se classant 14e en FP1 et 12e en FP2. Son meilleur temps a été de 1'34.476s, soit environ une seconde de moins que le leader du vendredi, Toprak Razgatlioglu (ROKiT BMW Motorrad WorldSBK Team). Petrucci et l'équipe ont choisi de rater la moitié des FP2 suite aux commentaires de l'Italien après les FP1. Dans son bilan de vendredi, Petrucci a déclaré : « Vendredi matin, je me sentais plutôt bien et je ne souffrais pas beaucoup. Au début de la première séance, j'allais bien. Les sensations avec la moto n'étaient pas aussi bonnes que lors du test que nous avons fait en mai. A la fin de la séance, j'ai commencé à ressentir un peu de douleur. À la fin de la première séance, j’étais assez en difficulté, nous avons donc décidé de sauter la première moitié des FP2. Il est toujours difficile d’imaginer la douleur que l’on va ressentir, alors quand on ressent une douleur au niveau de l’épaule, c’est toujours bien plus que prévu. J'ai beaucoup de mal avec mon épaule. Avec une fracture, tout est stable, mais il y a une grosse inflammation. Plus vous l’utilisez, plus vous sollicitez les muscles et les tendons, etc., plus la situation empire. Je vais essayer de faire la Superpole et voir si je peux me sentir mieux demain matin et me qualifier pour la Course 1. »

 

SUPER SAMEDI : « Premièrement, je voulais terminer la course. Dans le Top 10, il y a quelque chose d’inattendu ! »

 

Alors que la douleur à l’épaule persistait et après avoir soulevé des doutes quant à sa participation à la course, il a pris la piste et a stupéfié tout le monde en obtenant un résultat « inattendu ». Il a reçu des applaudissements de partout pour ses efforts et il a réagi en disant : « Je ne m’attendais pas à grand-chose parce que, vendredi après les FP2, j’ai dit : ‘Peut-être que ce ne sera pas possible de courir demain’. Ensuite, je n’y pensais pas, j’allais séance par séance, tour par tour, virage par virage. J'ai plutôt bien commencé la course mais dans la deuxième partie de la course, je n'utilisais plus ma main droite à cause d'une douleur à l'épaule. J'utilisais mes jambes pour me maintenir sur la moto, mais j'étais vraiment raide. J'ai été vraiment surpris de la possibilité de terminer la course et surtout dans le Top 10 ; j'ai dépassé mon objectif. Premièrement, je voulais terminer la course. Dans le Top 10, c’est quelque chose d’inattendu. »

 

DIMANCHE SENSATIONNEL : « Incroyable… Les quatre derniers tours ont été un cauchemar ! »

 

La journée de dimanche s'est encore mieux déroulée pour l'Italien. Il a confirmé sa 9e place dans la Course 1 avec la même position dans la Course Tissot Superpole, et la Course 2 était une autre histoire. Il est remonté du neuvième rang sur la grille à la sixième place, à environ 16 secondes du vainqueur Razgatlioglu, et s'est battu avec Axel Bassani (Kawasaki Racing Team WorldSBK) tout au long des 21 tours de course. S’exprimant après l’action de dimanche, Petrucci, ému, a déclaré : « C’est incroyable. Je ne m'attendais pas à être ici. Je pense qu’après hier, j’ai pensé qu’il y aurait quelque chose qui n’allait pas. Je ne savais pas comment j'avais fait hier ! Ce matin, je me suis réveillé et je ne savais pas comment j’allais passer les deux courses. Lors de la Course Superpole, le départ n’était pas vraiment bon. J'avais peur de chuter. Beaucoup de pilotes m'ont dépassé, mais ils étaient très agressifs les uns envers les autres, alors ils se sont touchés. Je me suis retrouvé neuvième après quelques tours et j’ai dit : "oh, parfait !". Lors de la Course 2, lorsque j'ai quitté les stands pour la première fois, j'ai freiné au virage 4 et j'ai ressenti beaucoup de douleur. J’ai rejoint la grille de départ et j’ai dit à mon équipe : "Peut-être que je ferai quelques tours et je verrai." »

 

« C'était comme si j'avais reçu un coup de couteau dans l'épaule. J'ai pris un très bon départ. Les premiers virages se sont bien passés et j'ai pu garder le rythme, même si c'était vraiment douloureux. J'ai vu Bassani pas loin devant, alors je suis allé avec lui parce que nous essayions de creuser un écart avec les pilotes derrière. Il était en difficulté et j'ai pu le dépasser, mais les quatre derniers tours ont été un cauchemar. J'ai changé d'avis mais lorsque j'ai franchi la ligne d'arrivée, j'ai eu l'impression que quelqu'un m'avait poignardé l'épaule droite. J'avais mal. C'est une sensation incroyable parce que c'était vraiment douloureux, mais en même temps, je me souviens qu'après l'accident, le médecin m'avait dit : "Je ne sais pas si tu pourras refaire de la moto", et après deux mois, j'ai terminé sixième. C'était un sentiment mêlé de douleur et de joie ; quelque chose qui me fait pleurer ! »